J’ai eu la chance fantastique de commencer ma vie professionnelle en animant une équipe incroyablement performante. A 20 ans, avec 4 copains, sans expérience ni capital, nous avons inventé, conçu, commercialisé un produit innovant permettant de classer les concurrents des premières compétitions d’escalade. Nous avons fait le tour du monde, cotoyé nos idoles et vécu une expérience inoubliable.
Cette expérience de participer à une équipe fantastique, j’ai eu l’énorme privilège de le vivre non pas une, mais 4 fois, dont deux en tant que dirigeant, dans le public et le privé, et ce sur une durée d’environ 15 ans.
Après avoir goûté à ces moments – vous savez, ce que vous pouvez ressentir quand chacun fait ce qu’il a à faire et que vous vous mettez à fonctionner comme les doigts de la main, quand même les paroles deviennent superflues parce que vous bougez tous ensemble comme un seul être ? – il devient difficile de s’accommoder de fonctionner dans des équipes médiocres, et j’en ai aussi connu quelques unes.
Ce parcours m’a donné envie de comprendre ce qui faisait le secret des équipes extraordinairement performantes.
Dans l’innombrable littérature consacrée à la question, deux approches m’ont particulièrement intéressé.
La première, “l’élément humain” est l’œuvre de William Schutz. Jeune psychologue, William Schutz est dans les années 50 chargé par l’US Navy d’étudier ce qui fait que certaines équipes de la marine obtiennent de bien meilleurs résultats que d’autres.
60 ans plus tard, Google se pose la même question et charge une équipe d’y répondre, c’est le projet Aristote.
Bon je résume, les conclusions sont quasiment les mêmes. Aristote a un avantage, c’est de présenter les résultats sous une forme – à mon avis – plus simple – même si Schutz est peut-être, on le verra, plus opérationnel pour un dirigeant.
Que disent les conclusions du projet Aristote ? (résumé en anglais : https://rework.withgoogle.com/blog/five-keys-to-a-successful-google-team/)
L’élément premier de la performance d’une équipe est la sécurité psychologique de ses membres, ie chaque membre de l’équipe se sent suffisamment en sécurité pour prendre des risques et s’exposer vis à vis des autres.
Les 4 autres éléments en découlent :
- la fiabilité : chaque membre de l’équipe tient ses engagements
- la clarté de la structure : les objectifs et les rôles de chacun sont clairement définis
- le sens des missions individuelles
- l’impact du travail collectif
(On observera au passage que la gentillesse, quoi qu’écrivent certains qui n’ont pas lu l’étude en question, n’a évidemment rien à voir là dedans… )
Bon d’accord me direz-vous, tout cela est bel et bien bon. En tant que manager, je comprends bien l’importance de la fiabilité et d’une définition claire des rôles. Mais pour la sécurité psychologique, on fait comment ?
Revenons à Schutz. La sécurité psychologique dépend de deux éléments :
- la mise en place de règles : par exemple, la bienveillance, le respect de la parole de l’autre, la confidentialité des échanges au sein de l’équipe, l’équilibre du temps de parole…
- ce que Schutz a appelé l’inclusion, c’est à dire le processus d’intégration de chaque individu au sein du groupe.
Les modalités pratiques d’une inclusion réussie varient selon les contextes mais on peut en donner quelques exemples, sous forme de questions qui permettent à des individus de se transformer en équipe :
- prendre la météo de l’équipe : “comment vous arrivez aujourd’hui ?”
- “Est-ce que vous avez besoin de dire quelques chose au groupe pour être disponible ?”
- “Qu’est-ce que vous attendez de notre réunion d’aujourd’hui ?”
- …
Lecteur attentif, vous aurez remarqué que les deux derniers points clés de la performance des équipes renvoient au sens, le premier dans une dimension individuelle -“ce que je fais a-t-il du sens pour moi ?”-, le second dans une dimension sociale – “ce que nous faisons a-t-il un impact positif sur le monde ? ”
Dans notre monde d’aujourd’hui, il est plus que jamais essentiel pour un manager de se poser ces questions, et de tenter d’y apporter une réponse.
Ca vous inspire ? Ca vous questionne ? N’hésitez pas à réagir, commenter…
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